[ 23/04/10 - 16H48 - AFP ]

Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault a averti vendredi le président Nicolas Sarkozy que le « contexte social et politique » ne lui permettrait pas d’ »imposer n’importe quoi » en matière de réforme des retraites.
« Le président de la République doit bien apprécier qu’il n’est pas dans un contexte social et politique pour imposer n’importe quoi », a déclaré devant la presse le leader de la CGT, dans une allusion à la lourde défaite de la majorité aux élections régionales il y a un mois.
Bernard Thibault s’exprimait au côté de la secrétaire nationale du Parti communiste français, Marie-George Buffet, après une rencontre de deux heures, au siège de la CGT, entre des délégations du syndicat et du parti.
Le chef de l’Etat « va devoir bien réfléchir sur la hauteur du curseur », autrement dit sur l’importance des changements qu’il entend opérer en matière de retraites, a ajouté le numéro un de la CGT.
M. Thibault a souligné « l’importance particulière, cette année » du 1er mai, en raison de cette réforme. « Les mobilisations auront une influence » sur le contenu de la réforme, « on peut avoir des manifestations de grande ampleur, ça comptera », a-t-il insisté.
Il a fait état d’un « très large consensus » entre les deux organisations sur « l’analyse de la démarche gouvernementale » et « les réponses » à apporter au déficit des retraites, Mme Buffet parlant de « convergences sur les solutions alternatives ».
La numéro un du PCF a détaillé les propositions de son parti, à commencer par « le développement de l’emploi qualifié et bien rémunéré », générateur de ressources pour les régimes de retraite. « 100.000 chômeurs de moins, c’est 2 milliards d’euros immédiatement » dans les caisses de retraite, a-t-elle déclaré.
Le PCF est aussi favorable à « des cotisations patronales qui tiennent compte de la valeur ajoutée » des entreprises, à la mise à contribution des revenus financiers pour un montant de « 20 mds », et à « la fin des exonérations de cotisations patronales » qui rapporterait « 30 mds ».
Marie-George Buffet a rappelé que le PCF allait mener à partir du 1er mai « une très grande campagne d’explication » pour la défense des retraites, « de même niveau qu’en 2005 sur le Traité constitutionnel européen (TCE) », a-t-elle précisé.
« Ne faisons pas croire que nous serions dans un tunnel où la solution serait de travailler plus, travailler plus », a-t-elle lancé.
Elle a souhaité que, de la même manière qu’une intersyndicale appelle à défiler le 1er mai et recherche des convergences entre syndicats sur les retraites, « les forces de gauche se rassemblent sur un projet alternatif sur les retraites ».
Tous deux ont jugé « paradoxal » que, selon M. Thibault, « les organisations syndicales soient privées de débat sur la question du financement des retraites » alors qu’une réforme est officiellement « justifiée par les impasses financières » des régimes de retraite.