
Lundi 30 août 2010, par Frédéric Dayan
La loi Nome, en ouvrant à la concurrence le marché de l’électricité, devrait entraîner de très fortes hausses des tarifs. Des syndicalistes tirent la sonnette d’alarme.
Un article de Cyrielle Blaire publié dans le mensuel aux syndiqués CGT Ensemble ! de septembre 2010.
Voir en ligne : « Des syndicalistes révèlent des informations. »
Jusqu’ici la France, grâce à son parc nucléaire, proposait une électricité 30 % moins chère que dans le reste de l’Europe. Mais cette exception française est sans doute révolue. La loi pour la Nouvelle organisation du marché de l’électricité (Nome), adoptée en juin par l’Assemblée et qui sera examinée miseptembre au Sénat, va obliger EDF à céder, au nom de la libre concurrence, un quart de sa production nucléaire à prix coûtant à d’autres fournisseurs. Ces entreprises privées pourront ensuite la revendre à un prix bien plus élevé que le tarif actuel. GDF Suez, Poweo et Direct Energie peuvent enfin se frotter les mains… Mais comment en est-on arrivé à un tel scénario catastrophe pour le consommateur ? Bruxelles cherche depuis longtemps à mettre en place un marché européen de l’électricité. Mais pour cela, il lui faut en finir avec les tarifs réglementés français. La Commission européenne a donc menacé la France de sanctions pour « aide illégale »aux entreprises. Le gouvernement a aussitôt cédé. La loi Nome devrait accélérer la mise en concurrence et préparer l’homogénéisation – par le haut – des prix européens. En commençant par forcer EDF à céder une partie de sa rente nucléaire aux appétits du privé. « C’est un véritable hold-up ! La France a investi dans une industrie nucléaire pour permettre son indépendance énergétique. Ce parc, qui appartient à EDF, a été financé par la facture des usagers »,rappelle Marie-Claire Cailleteaud, de la fédération CGT mines-énergie. Les fournisseurs privés pourront à l’avenir vendre l’énergie française à l’étranger, créant sur notre sol une pénurie. « On s’attend à une forte hausse pour les particuliers comme pour les entreprises alors qu’on est en période de crise », se désole Arnaud Faucond, de l’association de consommateurs Indecosa-CGT. L’exemple des grandes pannes en Californie après la privatisation du secteur est révélateur. En 2000 et 2001, le courtier Enron avait volontairement provoqué des coupures pour faire augmenter les prix. Les tarifs avaient grimpé de plus de 40 % pour les usagers. Devant l’ampleur de la catastrophe, l’État californien s’était réapproprié le secteur.